Des savoirs objectifs essentiels
Évidemment, tous les savoirs et toutes les qualités ne peuvent se réduire à un ensemble de questions objectives comme par exemple le leadership, l'imagination, l'éloquence, la dextérité, etc. Personne ne suggérerait donc de ne juger les gens qu'au moyen de tests objectifs: ce serait vain et stupide.
Et cependant, il y a dans tous les métiers une part de savoirs objectifs, des choses qu'il faut connaître, absolument, exactement, sans ambiguïté. Dans certains cas, ce peut être un besoin impératif, par exemple des consignes de sécurité, des textes de loi, etc.
Dans d'autres cas, ce peut être moins critique et néanmoins essentiel. Il n'y aura pas danger immédiat à ne pas connaître tel ou tel savoir objectif, mais plus on s'intégrera, plus son travail sera efficace et qualitatif.
On peut citer le cas d'un commercial qui connaît plus ou moins bien les caractéristiques du produit qu'il vend, ou les références de son entreprise. Chacune de ces informations n'est pas critique, mais on sait que mieux il connaîtra son sujet, plus il sera un interlocuteur de qualité pour ses clients.
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Trouver la réponse sur le web
Il est devenu extrêmement facile de retrouver une information sur le web, en quelques secondes.
Peut-on dire que l'information objective a perdu de son importance, de même que la capacité de calcul mental est moins importante depuis que les calculatrices sont disponibles ? Oui et non.
D'une part, le web regorge des savoirs qui sont à peu près universels, mais ne donne pas accès aux savoirs spécifiques de l'entreprise.
D'autre part, même si l'on peut retrouver une information sur son smartphone en quelques secondes, cela ne signifie pas qu'il soit inutile de la connaître. Car on ne trouve sur le web que ce que l'on y recherche. Et on ne fait une recherche que lorsque l'on imagine que l'information peut avoir une utilité. Mais pour avoir la notion même de cette utilité éventuelle, il faut déjà avoir une notion de cette information. Si l'on a en tête une information approximative, alors on pourra aisément confirmer ou préciser cette information. Mais si l'on n'a aucune notion de l'information, on n'ira pas même la chercher.
Un second point est que ces informations déjà disponibles dans notre mémoire sont une soupe dans laquelle puisent nos raisonnements, et même nos idées, selon un processus presque automatique et du moins difficilement contrôlable. S'il manque des ingrédients dans cette soupe de savoirs, le raisonnement ne prend pas naissance, l'idée ne germe pas. Le processus n'est pas "j'ai une bonne idée, il me faudrait juste vérifier tel ou tel point pour m'assurer qu'elle tient la route". La bonne idée ne vient simplement pas.
Un troisième cas de figure est celui de l'immédiateté, voire de l'urgence. Lorsque l'atelier est en feu, il n'est pas temps de consulter son smartphone pour connaître la marche à suivre.
Ainsi, il est clair que les savoirs objectifs gardent toute leur importance, Google et maintenant ChatGPT ne seront utiles que pour confirmer ou préciser un point de connaissance.
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