La culture de l’évaluation en entreprise : pas de progrès sans mesure
Dans une tribune parue dans le journal Le Monde, Cédric Villani montre l’importance de l’évaluation dans l’enrichissement du système éducatif. Cette analyse est particulièrement alignée avec celle de Jean-Michel Blanquer qui se donnait pour objectif de généraliser une culture de l’évaluation. Ce fût l’un des thèmes du projet de loi présenté au Conseil Supérieur de l’Éducation. La logique pourrait être résumée en cette courte devise : pas de progrès sans mesure.
Ce qui est applicable pour l’éducation nationale peut également être pertinent pour l’enseignement en entreprise. Cela peut concerner la formation professionnelle aussi bien que la capitalisation ou le partage des connaissances.
Dans le contexte de l’entreprise, l’évaluation des connaissances est malheureusement souvent mal perçue. Dans un processus de recrutement, les collaborateurs peuvent l’accepter, mais une fois embauchés certains percevront un processus d’évaluation déployé par l’entreprise comme une forme de manque de confiance, ou une remise en question de leurs aptitudes.
Nos rapports compliqués à l’évaluation
Bien sûr, pendant toutes nos études, nous avons abordé avec une certaine angoisse l’évaluation, qu’elle s’appelle contrôle de connaissances, interrogation écrite, examen, concours, grand oral… Étape obligatoire et souvent anxiogène dans le contexte de nos études, on espère bien ne plus la revivre une fois dans la vie active.
Pourtant, la majorité des difficultés rencontrées dans l’exercice de son travail sont causées par des connaissances insuffisantes. Que cela concerne les processus de travail inhérents à l’entreprise, des règles de sécurité, des points de réglementation et de conformité, de nouvelles technologies ou encore des caractéristiques d’un produit.
Chaque métier s’appuie sur un large corpus de connaissances, quel que soit le sujet. Il s’ensuit que des connaissances incomplètes nous mettrons en risque dans l’accomplissement des missions relevant de notre métier.
Régulièrement, nous avons conscience que nous ne maîtrisons pas assez certains sujets, ce qui peut nous faire commettre des erreurs, parfois graves. Cette situation est une source indéniable de stress dans le travail mais c’est aussi un facteur de risque pour l’entreprise.
Il faut donc remettre l’évaluation sur le devant de la scène. L’évaluation bienveillante et l’évaluation comme outil de progression bien sûr. Il est nécessaire de la présenter comme une garantie d’un travail sûr, de confiance en soi, de moindre stress.
L’évaluation en entreprise : une solution efficace
L’évaluation est la solution qui s’impose pour réduire les risques liés aux manques de connaissances, de compétences, et même d’expérience. Elle permettra de déterminer les connaissances manquantes tout en validant celles qui sont acquises. L’entreprise pourra ainsi orienter la démarche de formation tout en validant ses bénéfices, en mesurant son ROI.
L’évaluation est un outil d’apprentissage et n’est pas seulement un outil de diagnostic. Afin que l’entreprise ou l’organisation puisse profiter au maximum des avantages de l’évaluation, il est indispensable qu’elle parvienne à la dédramatiser, à la banaliser.
Le plus efficace est de généraliser l’évaluation pour la banaliser en mettant en place une réelle culture de l’évaluation. L’évaluation des connaissances en entreprise doit donc s’effectuer à tous les étages mais doit être bienveillante.
Banaliser l’évaluation en entreprise
Une bonne solution pour banaliser l’évaluation, est de mettre à disposition des tests sur une variété de sujets. Les salariés doivent pouvoir passer librement ces tests, tant à titre d’exercice que d’auto-positionnement, ce qui apportera aussi une dimension ludique à l’évaluation. Tous les collaborateurs peuvent donc s’essayer aux tests, à leur rythme, totalement anonymement et bien sûr autant de fois qu’ils jugent nécessaire.
Grâce à des algorithmes qui sélectionnent les questions, de manière à optimiser la courbe d’apprentissage, les tests sont adaptés au rythme de chacun. Ainsi, le passage est libre et les résultats clairs permettant à chacun d’avoir une vision précise du niveau de ses connaissances sur un sujet donné et de pouvoir le mettre en regard du niveau exigé pour être en adéquation avec son métier, ou avec une qualification visée.
Cette approche est particulièrement pertinente avec le passage d’une certification plus formelle qui en sera donc la concrétisation et qui permettra de valoriser l’effort d’apprentissage fourni. Le test de certification étant dans la trajectoire directe des tests libres, celui-ci est abordé par les salariés avec moins d’appréhension. Ils connaissent le niveau attendu et ils ont déjà évalué leur propre niveau. Ils pourront donc ensuite valoriser professionnellement la réussite de leur certification.
Réglementation et démarche d’assurance qualité
Dans un grand nombre de métiers, la réglementation impose le passage de certifications à intervalles réguliers. Bien qu’elles n’utilisent pas forcément les meilleurs outils, technologies ou méthodes pédagogiques, les entreprises ont donc déjà mis en place des démarches globales. Mais elles gagneraient à mieux outiller ces process en les appuyant sur une plateforme de type LAS (Learning & Assessment Solution).
Dans le cadre d’une démarche d’assurance qualité, l’organisation doit pouvoir prouver qu’elle a bien contrôlé que les conditions étaient réunies pour atteindre les objectifs fixés. La couverture de l’ensemble des connaissances nécessaires est souvent le point le plus sensible. Même lorsqu’il n’y a pas d’obligation réglementaire, être assuré que chacun sait ce qu’il doit savoir pour accomplir ses missions est donc un avantage compétitif important pour n’importe quelle entreprise.
Mettre en place une culture de l’évaluation dans une entreprise pour que tous puissent maîtriser les connaissances et accomplir ses missions et objectifs avec confiance et efficacité, c’est un objectif qui devrait être une priorité pour toute entreprise qui vise l’excellence et la pérennité.
Retrouvez l'article original sur Les Echos.